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Jacques Demy

et la mer

Au lendemain de la sortie des "Demoiselles de Rochefort, un journaliste demande à la jeune Catherine Deneuve comment est Jacques Demy en tant que réalisateur. Elle lui répond ceci :

 

"Jacques, c'est quelqu'un de très tendre, de très doux et de très violent à la fois.

 

C'est quelqu'un qui aime bien être au bord de la mer. Qui a besoin de bord de mer pour vivre, d'ailleurs il a une maison à Noirmoutiers où il est souvent. Et qui a besoin de la mer pour travailler, c'est pour ça qu'il fait toujours des films dans des ports."

"Je suis un espèce de monstre marin, je suis né au bord de la mer.

Alors comme elle, je prends des couleurs différentes"

- Jacques Demy

Nantes avec "Lola", Nice avec "La Baie des Anges", Cherbourg et ses "Parapluies", Rochefort et ses "Demoiselles" ou encore Marseille dans "3 places pour le 26"... Demy semble en effet attiré par les villes portuaires. De France comme d'ailleurs, puisqu'il a même campé le port californien de Los Angeles pour "Model Shop". Près de la moitié de ses films ont été tournés près du bord de mer. Une source d'inspiration chez Demy, et peut-être même plus encore.

Pourtant, comme le souligne Alban Pichon, maître de conférences à l'IUT de Bordeaux et animateur d'un atelier sur la relation du cinéma aux autres arts, "Demy tourne finalement moins la mer elle-même que les ponts, les marins, disons les à-côtés." Selon lui, c'est une manière pour le réalisateur d'aborder ce thème de façon indirecte. Un thème qu'il assimile à celui du départ, du voyage. En effet, à Nantes, Jacques Demy a grandi auprès des marins en permanence, toujours sur le départ. Des va-et-vient qui ont sans doute marqué son cinéma, une oeuvre à la fois joyeuse et mélancolique.